Dans les vastes vallées nées sous d'heureux auspices,
Une ville édifiée, qui rayonnait jadis,
Citadelle liliale fertile de piété,
Voyait sur ses coteaux, gorgés de l'or d'été,
Le soleil et l'ondée, en un subtil mélange,
Octroyer avec soin d'abondantes vendanges,
Aux maisons familiales, faites de pâles pierres,
Dans les vallons nimbés par des pluies de lumières.
Les oliviers féconds, dans l'agreste atmosphère,
Offraient aux petits pâtres, sous un feuillage clair,
Un délicat ombrage, où en l'honneur de Pan,
Ils sifflaient de la flûte aux quatre coins des champs.
Le myrte et le laurier ceignaient le front des temples,
Les colonnes d'albâtre, sous de blancs claveaux amples,
Abritaient des nymphes bienfaitrices des lieux,
Qui de leurs chants légers souhaitaient charmer les dieux.
Sous l'aura de Phébus, des éthers exaltants,
De champêtres vergers aux doux fruits opulents,
Contrastaient avec calme aux grands assauts sanglants,
Lesquels allaient frapper ce lieu si apaisant.
Aux portes de la ville on vit soudainement,
Une cohorte armée s'avancer promptement,
Dans l'assaut survolté on entendit rugir,
Les soldats assaillants dont le bras fit rougir,
Les champs de blé couchés sous le joug infernal,
Des lances acérées dans le combat brutal.
Les vaillants protecteurs de leur ville et leur terre,
Firent un grand honneur à leur âme guerrière,
Inférieurs en nombre, supérieurs en bravoure,
Sous les coups répétés, tombèrent tour à tour,
Chargèrent sans répit, furieux, sur l'ennemi,
Ne craignant point la mort, seulement l'infamie.
Les boucliers fendus, les cuirasses percées,
La sueur et le sang, les chevaux renversés,
Qu'importaient les blessures, l'effroi et le carnage,
Les guerriers se battirent en un cinglant tapage.
Au bout de longues heures, d'abondant sang versé,
S'achevèrent alors les combats acharnés,
Qui verront ces hommes, restés loyaux et fiers,
S'effondrer en héros, braves et téméraires.
Kyrielle de batailles ne seront point contées,
Au travers des méandres d'histoires évaporées,
Point de tombeaux, d'hommages, nulle gloire posthume,
Par la mer de l'oubli, refoulées telle l'écume,
Ces grandes omissions auront pour seule excuse,
Votre noble trépas dans des contrées recluses.
~ H. Lefort et Alexandre