À un camarade
Tes yeux sont gris d'orage, et les miens s'assombrissent,
Et contre l'esclavage, en un cri de justice,
On brandit nos drapeaux, comme un coup de canon.
Et les municipaux, les préfets de renom,
D'un vil revers de main, signent l'arrestation,
Pour ce soir et demain, lancent la répression.
Des procès, des prisons, et des coups de matraque,
Dans la rue, trahison, dans la cour, les attaques,
On disperse, on dissout, on embarque, on enchaîne,
Les brigands sont absous, et accusés de haine
Les défenseurs des francs sont tous embastillés :
Nos cœurs persévérants n'en ont pas sourcillé.
Tes yeux sont bleus d'espoir, et les miens s'éclaircissent :
La foi dans la victoire et tous les sacrifices
Anime mon courage et la Révolution,
Raffermit ton visage et nos résolutions.
On s'en va pour l'assaut, comme un coup de tonnerre,
Sous l'arme des faisceaux, les révolutionnaires.
~ H. Lefort