Comme un encens béni pour embaumer la terre,
Comme un soleil levant pour enflammer l'éther,
Aux cœurs battants des fils vit l'âme paternelle,
Et brûle encore la braise, et la flamme éternelle,
Comme au temple d'Héra, dans la Grèce héroïque,
Brûlait, flambeau sacré, la lumière olympique.
Comme le fracas sourd des nefs et des trières,
Comme le tonnerre des phalanges guerrières,
Aux cœurs vaillants des fils bat l'ardeur immortelle,
Et la force ancestrale dont témoignent les stèles,
Et les chants d'autrefois, et les récits épiques
Des courses sur le sable panathénaïque.
En combattants de Sparte, en champions de l'Attique,
Les fils veulent marcher comme une armée antique,
Comme les conquérants des mers bleues et du ciel,
Pour arroser d'un sang nouveau et torrentiel
Les sillons des labours et les mythes d'Homère,
Pour chasser les dragons et tuer la Chimère.
Les fils veulent vêtir la cuirasse hoplitique,
Saisir la lance pour défendre les portiques,
Garder les hauts remparts, la ville et ses tourelles,
Sous les crins de pégase, étoile aux blanches ailes,
Pour garder la cité, l'amour, le sanctuaire,
Et mourir sous les cieux, comme en une prière.
Oui : Les fils veulent vivre, combattre et mourir.
Oui : Leur sang se consume au feu du souvenir,
Quelque chose passe : un souffle qui les enflamme.
Il brûlait un flambeau car il brûlait une âme,
Un cœur, une cité, l'invincible nation…
Quelque chose qu'on sent, comme une communion,
Quelque chose qu'on aime et que l'on vénère,
Quelque chose qu'on est, et qui est séculaire.
~ H. Lefort