Le poème en mouvement

J'entends ton cœur contre mes bottes,
Ton corps s'engage, et tu grelottes.
L'excitation nous envahit,
La voici : la pulsion de vie.

Et le vent caresse tes flancs,
Ton galop fou de cheval blanc,
Bavant une écume océane,
Buvant des frissons de diaphane.

Mes doigts sont souples sur tes rênes,
Ton élan me prend et m'entraîne,
Je danse une valse à trois temps,
Mon poulain, mon jeune sultan.

Tes crins s'emmêlent aux feuillages,
À mes cheveux, au vent sauvage,
Que nous buvons jusqu'à l'ivresse,
Ni fille ni cheval : vitesse.

Tout s'efface alors dans les bois,
Et seul va le tempo du roi ;
Trois temps à terre, un dans l'éther,
Il bout au fond de nos artères :

Le poème en mouvement.

~ Hilda Lefort