La bassesse parfois m'attire avec ardeur,
Renoncer à la foi, embrasser la tiédeur,
Choisir les plaisirs vains, et les commodités,
L'hédonisme mondain, et la médiocrité.
Mais j'ai vu un oiseau, par un soir orageux,
Tremblant comme un roseau sous le ciel ombrageux.
Il méditait, perché sur un vieil arbre pâle
Mourant et desséché, mais toujours vertical.
L'oisillon hésitait, il mesurait ses forces,
L'horizon il scrutait, blotti contre l'écorce.
Le tonnerre furieux déchirait les cieux noirs.
Mais sous les traits pluvieux, l'oiseau fit sien l'espoir.
Il s'envola. Tout droit, vers la lumière au loin,
Sans crainte ni effroi, me laissant seul témoin
De cet acte audacieux. Le vieil arbre mourut,
Sans chagrin disgracieux, car l'aube est apparue.
Et le vieil arbre sut que son oiseau vaincrait
Les ténèbres confus et puis qu'il atteindrait
L'aurore blanche et rose, et le soleil vivant.
C'est en paix qu'il repose et il tomba rêvant.
Comme il battait de l'aile au milieu des éclairs,
Sur la voie éternelle où je veux me complaire...
Périr avec courage et noyé par l'orage,
Pour nourrir l'héritage et lui rendre un hommage,
Vaut mieux que noyade dans les sillons infâmes
Où rampent, malades, les vers qui n'ont point d'âme.
Le soir quand tout s'éteint, je pense à ce vieil arbre,
À l'oiseau, au lointain ... et les maux se délabrent.
~ H. Lefort