Ravive au fond de toi le feu de ta valeur,
N'écoute pas les voix des voleurs, des menteurs,
Regardant les miroirs d'un élan vaniteux,
Ressens plutôt l'amour qui inspirent tes yeux.
Demain le jour se lève, et l'avenir t'appelle :
Quitte donc les prisons, reprends ta citadelle.
Elle est de nacre clair, saphir sous l'astre d'or,
La tour de ton domaine, ô femme de l'effort.
Entends l'hymne adoré que murmure la lune,
Tendre déesse qui, sous l'arche des nuits brunes,
S'arrondit toujours plus pour engendrer l'aurore,
Comme ton ventre un jour pour offrir un trésor.
Tes chemises sont bleues, tes manches relevées,
Et tu souris fidèle, avec joie pour braver
Le plus dur du chemin, et tenir la maison,
Digne d'un doux diadème en roses frondaisons.
Car tu es sœur des fleurs, riant pour le soleil.
Au pays de France tu nourris les Abeilles,
Tu te tiens sous l'orage, et ne vis qu'un printemps,
Sans craindre de faner quand s'en viendra le temps.
Pour toi la vie ne vaut qu'en y luttant toujours,
Tu sais où vont tes pas, où sont tes doux séjours.
Tu connais ton destin, l'embrasses avec force
D'un élan de ton âme, athlète bien véloce.
Tu n'as d'autre employeur que l'amour du pays,
L'époux et l'avenir, Dieu en est ébloui,
Tu n'as guère besoin de galants, de grands droits,
Tu préfères la voie d'un dur chemin de Croix.
Tu es née délicate, ô fleur petite et douce,
Comme une pluie d'avril verdoyant sur la mousse.
Tu ne peux vivre lasse une vie de fadeur,
Dans un sort étriqué, sans ferveur ni saveur.
J'ai souvenir encor d'une mère qui aime,
Je sais que toi aussi, tu veux être l'emblème
D'un monde ancien et neuf dans le cœur d'un enfant,
Et dans celui d'un peuple, au destin triomphant.
~ H. Lefort