Quand je vois leurs yeux s'assombrir,
L'orage broie le cœur noir des cieux inondés,
Je sens frémir leur sang et leurs veines bouillir,
Sourdre comme on entend le tonnerre gronder.
Qui pourrait arrêter la course de leurs bras ?
Ils brandissent l'épée immortelle, invincible,
Avec laquelle un dieu téméraire sabra
Les cieux et vainquit les Titans, géants horribles.
C'est le glaive éclatant, la lame des éclairs,
La foudroyante épée qui fut un jour forgée
Par les cyclopes, fils d'Ouranos légendaire.
Armés de ce trait, point ne seront égorgés.
Ils sont fils de Zeus, Thor, Jupiter, Taranis,
Fils des grecs, des romains, des germains et des celtes,
Ils sont grands, ils marchent en ordre de milice,
Ils battent le pavé, ils s'avancent, ils contestent.
Et dans les rues secouées la fumée se répand.
C'est un jour de colère, un jour d'indignation,
Comme tous les jours où les banquiers, les tyrans
Règnent et prolifèrent aux côtés des Macron.
Les bannières flottent dans une brise pure,
Il souffle un vent de foi et de Révolution,
L'odeur soufrée de poudre enivre la froidure,
Je vois des mains tendues, cœur en ébullition.
Je vois des mains tendues, et la fureur s'avance :
Sous les roues de son char Justice écrasera
L'ennemi que le peuple animé d'espérance,
Dans sa sainte colère, aura jeté à bas.
De ce temple marchand, vieilli et vermoulu,
Il ne restera pas pierre sur pierre, et, fière,
La Nation couronnée sera notre salut :
Aujourd'hui, elle reprend ses droits d'héritière.
~ H. Lefort